Olivier Paradis-Lemieux

La décision du gouvernement fédéral d’exempter les équipes de la Ligue nationale de hockey de la quarantaine individuelle de 14 jours obligatoire pour tous ceux qui entrent au pays donne de nouvelles munitions à Edmonton, Toronto et Vancouver, les trois villes canadiennes en lice pour être l’un des deux sites centralisés pour la relance en juillet. Radio-Canada Sports a analysé leur candidature.

Sans l’instauration par décret d’une quarantaine de groupes pour les équipes de la LNH, le trio canadien était en mauvaise posture face à ses sept rivales américaines.

Le commissaire adjoint de la LNH, Bill Daly, avait déclaré il y a un mois que si nous sommes incapables d’obtenir une interprétation de la quarantaine qui va de concert avec la capacité des joueurs de se rendre à destination sans avoir à observer une quarantaine stricte dans leur chambre d’hôtel, nous ne serons pas en position d’utiliser l’une des villes canadiennes en tant que site de relance.

Maintenant qu’il a été approuvé par Ottawa, le plan de quarantaine de groupes pour les équipes de la LNH permet à Edmonton, Toronto et Vancouver de faire pour l’essentiel jeu égal avec les sept villes américaines : Chicago, Columbus, Dallas, Las Vegas, Los Angeles, Pittsburgh, et Saint-Paul/Minneapolis.

Deux facteurs pourraient aider les candidatures canadiennes face à leurs rivales américaines :

  • Dans les dernières semaines, de nombreuses villes américaines, dont Columbus, Dallas, Las Vegas et Los Angeles, ont vu une hausse de leur nombre de cas quotidien de COVID-19, alors que les mesures de déconfinement aux États-Unis font craindre une deuxième vague de la pandémie dans certains États. Les trois villes canadiennes voient plutôt leur nombre de cas quotidien baisser régulièrement.
  • Plusieurs des villes américaines retenues par la LNH ont été le théâtre de manifestations et de révoltes après la mort de George Floyd aux mains d’un policier, justement, de Minneapolis.

La LNH prévoit amorcer ses camps pour les 24 équipes restantes, 12 par association et par site, le 10 juillet. Les 10 villes choisies par la LNH possèdent toutes les installations sportives et hôtelières nécessaires à l’accueil de 12 équipes.

Même si les trois villes canadiennes souhaitent toutes publiquement être l’un des sites et se déconfinent progressivement, elles n’en sont pas au même point.

Pour établir notre palmarès, nous avons comparé leur candidature selon quatre critères :

Critères de comparaison

  1. Nombre de cas actuels de COVID-19
  2. Restrictions de la santé publique
  3. Ce que les politiciens locaux disent de la présence de la LNH dans leur ville
  4. Disponibilité des tests de dépistage publics

Les données utilisées étaient les plus récentes rendues disponibles par les directions provinciales de la santé publique le 19 juin.

EDMONTON

La Place Rogers vue d'une intersection du centre-ville d'Edmonton.

La Place Rogers, d’Edmonton, domicile des Oilers

Photo : La Presse canadienne / Jason Franson

Nombre de cas : l’Alberta est la troisième province pour le nombre de cas de COVID-19 après le Québec et l’Ontario avec 7579, et 152 morts, mais ne compte plus que 489 cas actifs et 34 hospitalisations. La ville d’Edmonton compte un peu moins de la moitié des cas actifs, avec 200.

Restrictions de la santé publique : l’Alberta est entrée depuis le 12 juin dans la phase 2 de son plan de déconfinement. Les centres d’entraînement intérieurs, gymnases, arénas et piscines peuvent être rouverts au public dans la province, mais la ville d’Edmonton n’a pas emboîté immédiatement le pas et viserait le début du mois de juillet. Les rassemblements de 50 personnes ou moins sont permis à l’intérieur, mais ce maximum passe à 100 personnes pour un événement si le public a des places assignées.

Positions politiques : le premier ministre albertain Jason Kenney défend avec énergie la candidature d’Edmonton. Il s’est entretenu avec le commissaire de la LNH Gary Bettman et a écrit une lettre au premier ministre canadien pour que les règles de quarantaine soient assouplies pour les équipes du circuit. La directrice de la santé publique albertaine, la Dre Deena Hinshaw, avait proposé l’idée retenue par le gouvernement fédéral d’une quarantaine de groupes qui permettrait aux équipes de s’entraîner une fois arrivées au pays sans avoir à s’isoler individuellement, mais en demeurant séparées du public.

Le gouvernement albertain pense que ce sont des stratégies efficaces afin de réduire le risque pour notre province si une telle exception était permise, avait écrit Jason Kenney dans sa lettre à Justin Trudeau, à la fin du mois de mai.

Le maire d’Edmonton, Don Iveson, pense quant à lui que sa ville est l’endroit idéal pour tenir le reste de la saison 2019-2020 de la LNH. Dans le contexte nord-américain, Edmonton et sa région ont un nombre de cas faible de COVID-19 et nous procédons avec précaution à sa réouverture.

Disponibilité des tests : le gouvernement albertain travaille avec des laboratoires privés afin de permettre un dépistage qui va au-delà des recommandations de la province, a déclaré la Dre Hinshaw.


TORONTO

Des piétons passent devant l'entrée de l'aréna

L’aréna Banque Scotia, anciennement le Centre Air Canada de Toronto, domicile des Maple Leafs.

Photo : La Presse canadienne / Darren Calabrese

Nombre de cas : la ville de Toronto a été l’une des plus touchées au Canada avec 13 715 cas de COVID-19 et 1009 morts. Toutefois, le nombre de cas actifs n’est plus que de 1158, alors que le nombre de cas rapportés quotidiennement chute de jour en jour avec seulement 54 cas lors du dernier rapport.

Restrictions de la santé publique : comme les régions de Peel et de Windsor-Essex, Toronto est encore dans la phase 1 du plan de déconfinement ontarien. À Toronto, les restaurants et les bars demeurent fermés, alors que le sport organisé est toujours prohibé, même à l’extérieur, bien que les terrains dans les parcs sont ouverts. Les installations sportives des équipes professionnelles sont toutefois rouvertes depuis le début du mois de mai. Les rassemblements sont limités à 10 personnes dans la province, que la juridiction soit dans la phase 1 ou 2.

Positions politiques : le maire de Toronto John Tory a déclaré qu’il ne pouvait parler pour la province, mais je donnerais à la LNH le feu vert parce que je serais fier [de l’accueillir]. Je pense que ce serait approprié et que les Maple Leafs respecteraient la santé publique d’abord et avant tout, et seraient en mesure d’offrir un spectacle que les amateurs apprécieraient.

Le premier ministre ontarien Doug Ford a quant à lui indiqué que nous avons eu des conversations avec la LNH, et tout est conditionnel au suivi des directives du directeur de la santé publique […] Tout le monde veut revoir un peu de sport. Mais ce doit être fait avec responsabilité. J’adore regarder n’importe quel sport que ce soit la LNH, les Raptors ou les Blue Jays, mais les règles s’appliquent à toutes les équipes. Il n’y aura pas d’exception.

Disponibilité des tests : le premier ministre ontarien a déclaré au début du mois de juin que les tests des joueurs de la LNH devraient être administrés par des laboratoires privés.


VANCOUVER

Le Rogers Arena

Le Rogers Arena de Vancouver, domicile des Canucks

Photo : Associated Press / Darryl Dyck

Nombre de cas : la Colombie-Britannique est la juridiction de plus de 5 millions de personnes la moins touchée par la COVID-19 en Amérique du Nord. La province ne compte que 190 cas actifs et 10 personnes sont hospitalisées. Une seule personne est morte de la maladie dans la province dans les deux dernières semaines.

Restrictions de la santé publique : la province limite à 50 personnes les rassemblements et ne prévoit pas augmenter ce quota avant d’entrer dans la phase 4 de son plan de déconfinement. Toutefois, la Colombie-Britannique pourrait lancer la phase 3 de son plan la semaine prochaine, qui inclut la réouverture des hôtels et des parcs, en juin, puis des salles de cinéma en juillet, sans permettre les grands rassemblements.

Positions politiques : le premier ministre britanno-colombien John Horgan milite depuis plus d’un mois auprès de la LNH pour que Vancouver soit l’une des villes retenues. Il y a deux semaines, il avait signé un décret amendant les règles de quarantaine de la province qui considéreraient chaque équipe de la LNH comme une famille ou une bulle.

Si vous amenez votre famille avec vous où que ce soit en Amérique du Nord pendant l’été pendant que vous jouez au hockey, je ne peux songer à un meilleur endroit que la Colombie-Britannique.

Disponibilité des tests : bien que les tests sont disponibles à tous, selon la santé publique provinciale, les équipes de la LNH seraient responsables de faire leurs propres tests de dépistages.


Notre verdict :

Après analyse, Vancouver apparaît comme la ville canadienne la plus apte à accueillir la LNH, suivi en deuxième position par Edmonton et enfin Toronto.

Avec les informations de CBC

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